Pourquoi avons-nous quitter la sécurité d’un travail et d’une maison confortable? Est-ce juste une quête de liberté ou pour d’assouvir une soif d’aventure? Pourquoi avons-nous choisi ce type de vie et à quel prix?
Nos aventures à la voile ont commencées progressivement. Après de longues études en Angleterre, nous sommes partis en France pour travailler. Pendant notre temps libre, nous rénovions dans notre jardin, un magnifique petit voilier en bois de six mètres. Je n’avais aucune expérience de la voile et un projet comme celui-ci était tout nouveau pour moi. Guillaume quant a lui, a été élevé sur un voilier et a grandi dans le monde entier.
Une fois les travaux de « Peter Pan » terminés, nous partions régulièrement les week-end end à la découverte du golf du Morbihan, de Belle île et des îles de Houat et de Hoedic. La Bretagne est un magnifique terrain de jeu pour apprendre la voile. Un été, nous avons fait tout le tour de la Bretagne. Nous nous sommes tellement régalé que rapidement on s’est dit: « Pourquoi pas un peu plus loin sur un bateau un peu plus grand? ».
Notre deuxième voilier, Rebelle, était un monocoque de neuf mètres que nous avons acheté au Guatemala, en Amérique centrale. Nous l’avons acheté à très bon prix car il était à l’abandon depuis un bon moment. Ce voilier était parfait pour nous. Petit bateau, petit budget, petits soucis!
Après 5 mois de rénovation intense, nous avons largués les amarres direction le Pacifique et la Polynésie.
Traverser l’Océan Pacifique et naviguer vers la Polynésie était un vieux rêve de Guillaume. Quant a moi, il a fallut que je m’adapte rapidement car je n’avais jusque la, fais que de la navigation côtière. La vie de la grande croisière hauturière commençait pour nous, un monde qui m’était complètement inconnu.
On pensait partir un ou deux ans, finalement nous avons vécu huit ans en Polynésie sur Rebelle. Toutefois, même si notre mode de vie était idyllique, après huit ans passés au paradis, j’ai ressenti le besoin de me rapprocher de ma famille. Nous avons finalement décidé de vendre notre bateau et nos activités et de rentrer en Europe.
Après cinq mois de balades en mode « sac à dos » à parcourir l’Asie du Sud-Est, nous sommes arrivés en France avec un nouveau projet: rénover un van et trouver une nouvel endroit ou s’installer. Nous avons voyagé à travers la France, l’Espagne, le Maroc et finalement nous nous sommes installés à Lisbonne, au Portugal, où notre fille Juliette est née.
Un an plus tard, nous avons été confrontés à une décision difficile à prendre. Arc en Ciel, le catamaran familial de Guillaume ne pouvait plus être entretenu et il était question de le vendre. Que faire? Rester à Lisbonne et continuer à développer une nouvelle activité fleurissante ou repartir de nouveau à l’autre bout du monde et reprendre en main Arc en Ciel. Pendant trois mois nous nous sommes beaucoup questionnés. L’argent contre la liberté? La ville contre la nature et la mer? De grandes questions émergeaient alors dans nos têtes. Quelles sont nos priorités dans la vie? Qu’est-ce qui nous rend heureux?
Finalement, nous avons choisi de repartir en voyage, de quitter la sécurité financière et un bel appartement ou l’on avait déballé nos souvenirs de voyage. Il ne faut pas trop se poser de questions. Nous avons décidé de vivre l’instant présent, dans la simplicité, au plus près de la nature et d’être tous les deux présents à 100% pour l’éducation de notre fille Juliette.
Qu’avons-nous gagné avec ce nouveau style de vie? Rencontrer de nouveaux pays magnifiques et des nouvelles cultures, avoir un point de vue différent sur notre monde de consommation. Nous essayons d’être moins matérialistes et de voir ce qui nous rend vraiment heureux.
Que Juliette puisse partir en voyage et découvrir le monde à travers ses propres yeux nous semblait important. Elle est peut-être un peu jeune maintenant pour se souvenir de chaque détail du voyage. Mais ça restera inscrit au fond d’elle. Nous sommes heureux qu’elle puisse échanger et jouer avec d’autres enfants de cultures différentes, sans jugement et en toute simplicité. C’est quelque chose qui, nous l’espérons, façonnera son caractère.
Un des gros avantage de la vie en bateau est que nous avons la plus grande piscine du monde à nos pieds et que les vues y sont incroyables. Cependant, nous devons faire attention à notre consommation d’eau douce. Comprendre la vraie valeur de l’eau potable est une belle leçon de vie.
Nous réalisons à quel point nos vies sont devenues différentes de celle de nos amis quand ils viennent nous rendre visite a bord. « Vous faites la vaisselle à la main et avec de l’eau de mer??!! »
Je n’avais jamais réalisé à quel point j’appréciais les machines à laver.
Laver du linge à la main tout en jouant et en s’éclaboussant avec Juju est bien amusant, mais appuyer sur un bouton et récupérer du linge tout propre et qui sent bon est tout simplement divin. Mais, je n’échangerai quand même pas ma liberté contre une machine à laver!
Comme lorsque que nous vivions à terre, nous essayons de manger autant que possible des produits locaux. Juliette adore tester de nouveaux aliments et des nouvelles saveurs. Vivant sur l’eau, nous mangeons beaucoup de poisson, notre source principale de protéines.
On nous demande souvent comment on trouve l’état des océans? Voyons-nous beaucoup de plastiques flottants? Sommes-nous capables de pêcher? C’est malheureusement une triste réalité, on voit de plus en plus de plastique flotter et sur les plages, même loin, très loin des hommes. Nous avons vu l’impact que ça a sur l’environnement et c’est vraiment attristant. C’est un peu pour cette raison que nous avons envie d’aider à notre manière notre belle planète (voir nos projets).
En ce qui concerne le poisson, pour l’instant nous sommes plutôt gâté. Guillaume est un bon pêcheur et il est rare de ne pas avoir des fruits de la mer pour se nourrir. Nous pêchons et nous mangeons ce que nous attrapons, mais avec modération, nous ne prenons pas plus que ce dont nous avons besoin et faisons attention à ce que nous pêchons.
Nous croyons fermement en l’utilisation des énergies renouvelables. Notre objectif est de tirer le meilleur parti du vent, en mettant les voile aussi souvent que possible et en attendant les bonnes conditions pour naviguer avec le vent. Nous utilisons nos panneaux solaires pour électricité. Lorsque nous sommes près du rivage, nous sortons les rames!
Quel a donc été le coût de ce nouveau mode de vie? Le plus gros inconvénient pour moi, est la distance avec la famille. Ne pas avoir les grands-parents et la famille à proximité pour voir nos petites alors qu’elles changent et grandissent si rapidement. Être loin des amis et de la famille peut être difficile à vivre. Pas simple de trouver un « baby-sitter » au milieu de l’Océan! Même si Juliette ne s’en plaint pas pour l’instant nous savons que ce n’est pas facile d’être loin d’enfants du même age. Nous rencontrons souvent des amis a terre et en voilier comme nous, mais nous devons souvent nous séparer et poursuivre notre route.
Il peut être difficile de vivre les uns sur les autres mais heureusement nous débarquons souvent a terre pour se dégourdir les jambes. En tant que mère, on a toujours peur de mettre nos enfant dans des situations dangereuses. Sur un voilier et en voyage, les possibilités d’accidents et de maladies sont nombreuses croyez moi! Le soleil, la chaleur, les moustiques, le risque de maladie, les chutes par dessus bord ou de la nourriture contaminée… Il n’est pas toujours simple de se détendre quand on pense a tout se qui peu arriver. Heureusement nous sommes deux et même si nous n’avons pas toujours la même notion du danger, nous nous complétons bien.
Nous vivons hors du système. Le médecins et les pharmacies ne sont pas toujours à proximité nous devons donc être autonomes en mer. Notre assurance voyage, constitue une part importante de notre budget. Nous avons investi dans un telephone satellite, des balises de détresse, d’une trousse médicale et d’une pharmacie dont tout médecin pourrait être fier. Nous savons que si une urgence se présente, nous devons avoir les compétences nécessaires pour faire face à la situation et avoir suivi des cours et une formation préalable. À mon avis, c’est la partie la plus effrayante de ce style de vie et je dois m’empêcher d’imaginer les pires scénarios et de réfléchir à des histoires horribles sur ce qui peut mal tourner. Je pensais que Juliette porterait toujours son gilet de sauvetage. J’ai pris conscience que ce n’est tout simplement pas possible. Il faut faire preuve de bon sens et j’ai appris à écouter mon instinct et à me fier à mon jugement.
Un élément qui bloque beaucoup de monde pour un voyage au long cours est l’insécurité financière. Nous ne sommes pas riche mais nous avons appris a gérer nos priorités et notre budget. Pas besoin d’un budget énorme pour vivre simplement. Sur le bateau, nous n’avons pas de loyer ni d’hypothèque à payer, nous ne vivons pas dans une marina, il n’y a donc pas de charges mensuelles, pas de facture d’eau ou d’électricité. Nous nous arrêtons de temps en temps à l’étrange marina pour faire le plein d’eau, de carburant et pour nous rapprocher des magasins, ainsi que pour cette machine à laver et cette douche chaude paradisiaques. Nous pouvons choisir quand et où nous nous arrêtons. Si le prix est trop élevé, nous passons. C’est une vie plutôt nomade, mais comme les nomades, nous pouvons choisir notre propre itinéraire, il n’y a pas d’autoroutes, de panneaux de signalisation et de règles qui nous limitent.
En naviguant, nous vivons selon les règles du bon sens et dans le respect des éléments. Pour citer l’historien grec Thucydides, «le secret du bonheur est la liberté et le secret de la liberté, c’est le courage». Nous avons donc échangé la sécurité contre indépendance et liberté de voyager. Nous sommes heureux de garder nos fille à l’écart des garderies et de pouvoir passer du bon temps ensemble et de les éduquer à travers des situations et des expériences de vie biens réelles.
Nous avons échangé la pollution de la ville contre une abondance de paix et d’air pur. Ce n’est ni la chance ni la bonne fortune qui ont rendu cette vie possible pour nous. Les gens qui nous regardent sur les réseaux sociaux et voient nos photos et nos films paradisiaques disent souvent à quel point nous sommes chanceux. La vérité est que cette façon de vivre est ouverte à tous, elle ne nécessite pas d’énorme budget, mais requiert du courage, de la motivation pour apprendre de nouvelles compétences et beaucoup de travail sans toujours un gain financier.
Nous sommes convaincus que les vents nous orienterons dans la bonne direction. Il faut faire confiance en s a bonne étoile!
Voici un résumé de nos principaux avantages et inconvénients de notre style de vie.
Les Avantages:
Vivre près de la nature, autosuffisance (le satisfaction de trouver ses propres solutions), beaucoup de temps en famille, le contact avec différentes cultures, de nouvelles aventures et horizons, la découverte du monde, la valeur de choses simples, vivre sans contraintes d’un système imposé, la distance de la pression du consommateur pour acheter des biens et services.
Les inconvénients:
Insécurité financière, autonomie (pas d’autre choix que d’apprendre à réparer et à faire les choses vous-même) autosuffisance médicale et éloignement des services d’urgence, distance des amis et de la famille, aide pour la garde des enfants, avenir imprévisible.Ce n’est pas tout que facile de laisser la vie que nous faisons sur la terre derrière.
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2 comments
Bravo pour ce choix d’aventure et de liberté…
Olivier (domaine du Bugnon – Jura)
Merci Olivier! On fait tous des choix… L’important au final, c’est d’être heureux. Vous êtes biens dans le Jura. On vous souhaite plein de bonnes choses pour tout vos nouveaux projets!